Petit entretien avec Régis Dorval, veille d’inauguration de cette
importante exposition/vente à Lille:
Demeures du Nord : Pourquoi cette exposition entre un sculpteur et un peintre ?
Régis Dorval : Cette exposition inattendue est née d’une amitié qui depuis 50 ans fut
indéfectible entre Jean Bertho, ancien grand journaliste et homme de TV “(cinq colonnes à la une”, lectures pour tous”, Sérieux s’abstenir “, le sculpteur Albert Féraud et le peintre Ladislas
Kijno.
L’idée de présenter l’essentiel de la collection dans une galerie revient au collectionneur, soucieux
de présenter et préserver 50 ans de passion, de visites d’ateliers, de galeries et de musées.
Nous sommes très heureux du choix de notre galerie pour diffuser ces œuvres que nous apprécions aussi,
présentées avec soin et qui nous donne l’occasion aussi, de célébrer des artistes que nous aimons particulièrement.
DDN : Maintenant que vous présentez ces œuvres en symbiose dans votre galerie, y voyez-vous
certaines similitudes dans la démarche, la personnalité, voir même une spiritualité proche l’une de l’autre ?
RD : Incontestablement ! Ces deux artistes de la même génération liés par une
grande amitié, ont quelquefois travaillé à “quatre mains”, Féraud enchâssant des œuvres de Kijno (sculptures ou quelquefois peintures) dans ses délirants et incroyables carcans d’acier
inox.
DDN : Ces œuvres sont de quelle époque ? Que représentent ces 2 artistes dans l’Histoire de l’Art
?
RD: Cette collection reprend (notamment pour Kijno) des œuvres de 1960 à 2005 avec de
nombreux tableaux des années 1970.
Kijno et Féraud sont deux acteurs importants de l’histoire de l’art de la seconde moitié du 20ème
siècle.
Kijno fit sa première grande exposition en 1958 au musée Picasso d’Antibes soutenu par ce dernier. Il
fut remarqué par Henri Bénézit qui lui ouvrit les portes de sa galerie parisienne et par la suite par d’autres galeries internationales.
Pour mémoire, il représenta aussi en 1980 la France à la Biennale de Venise, et entre autre, plus près
de nous, réalisa à la fin des années 90 la grande rosace de Notre dame de la Treille à Lille.
Albert Féraud, Premier grand prix de Rome des Beaux-Arts de Paris en 1953 construisit une oeuvre
singulière et attachante à base d’acier inox de récupération. Son travail inspira nombre d’artistes dont le sculpteur César (la patchoulette entre autres).
De grandes réalisations intégrées à l’urbanisme l’ont rendu célèbre ; la plus marquante étant une
sculpture de 17 mètres de long, (Hommage au maréchal Koenig), une commande de la ville de Paris pour la porte Maillot dans les années 1990.
Il fut élu membre de l’Académie des Beaux-Arts, le 1er mars 1989.
DDN : Ces grands artistes du 20ème siècle furent véritablement d’avant garde… Considérez-vous que
leurs œuvres sont encore tout aussi avant-gardistes aujourd’hui ? Particulièrement par rapport au travail des principaux acteurs de l’art
actuel…
RD : L’histoire de l’art n’est qu’une succession d’avant gardes
!
“Un nain monté sur les épaules d’un géant voit plus loin que le géant lui-même” disait
Pascal.
Les meilleurs artistes de chaque époque sont indémodables et le temps n’a pas de prise sur l’émotion
que procurent leurs œuvres !
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